Dans leur essai écrit à quatre mains “Jean Cau, l’indocile” (Gallimard), Louis Michaud et Ludovic Marino retracent le parcours d’un écrivain génial et iconoclaste, styliste émérite et grand témoin de son temps.

Issu d’un milieu très modeste, et très marqué par son enfance dans l’Aude, Jean Cau se fait rapidement une place dans le milieu littéraire germanopratin. En 1944, à 19 ans, il devient secrétaire de Jean-Paul Sartre, poste qu’il occupera pendant dix ans et qui aura une grande influence sur son parcours. Dans les années 60, ses chroniques dans L’Express (et Paris Match) et ses premiers ouvrages, comme La Pitié de Dieu qui sera particulièrement remarqué, en font une figure tutélaire de la littérature française. Très vite, cependant, et fidèle à son esprit d’indépendance, de toréador des mots (la tauromachie est l’une de ses grandes passions), Jean Cau prend ses distances avec les intellectuels de son époque et la gauche.

La dernière partie de l’œuvre de Jean Cau, que les auteurs nomment à propos “cycle de la décadence” se caractérise par un ton de plus en plus décliniste et sombre. L’admiration de la force, que Jean Cau oppose à la “mollesse” des sociétés démocratiques européennes, est un leitmotiv des œuvres de ces années-là (des années 70 jusqu’à la disparition de Jean Cau en 1993). A sa mort, et malgré les inimitiés que Jean Cau aura savamment attisées tout au long de sa carrière de polémiste, des écrivains et intellectuels de tous bords saluent l’un des plus grands écrivains français du XXème siècle… et dont l’héritage devrait traverser les époques. 

Comment réapprendre à faire société et à reconstruire un lien social qui soit fondé sur un imaginaire partagé ? La crise de la culture est-elle irréversible ? Enfin, comment retrouver un collectif et réapprendre à accepter nos différences, sans les réduire à des images grossières et stéréotypées ?