13/12/2024 | Belles Feuilles

Transcendance et logique économique : les deux faces de la religion

Paul SEABRIGHT

Paul Seabright, économiste, enseignant à l’université Toulouse 1 Capitole, et auteur de l’essai The Divine Economy, a partagé avec les membres et les invités d’Aspen ses analyses sur l’interpénétration entre le modèle économique entrepreneurial et les mouvements religieux.

Né en Angleterre en 1958, il a suivi ses études de premier cycle à New College (Oxford) et obtenu le congratulatory first class honour en 1980. Il a terminé sa maîtrise en sciences économiques en 1982 et obtenu le titre de Philosophiæ docteur en économie en 1988 à l’université d’Oxford. Il est un contributeur à la London Review of Books et est également le président du Conseil scientifique de Bruegel, rédacteur en chef de Economic Policy depuis 2001, chercheur au Center for Economic and Policy Research depuis 1989, collaborateur du journal Le Monde. Il a enseigné à l’université libre de Bruxelles (1997-98), au Collège d’Europe à Bruges (1998-1999) et à l’université autonome de Barcelone(2000). Il est actuellement professeur d’économie à l’université Toulouse 1 Capitole, chercheur à l’Institut d’économie industrielle (IDEI) et membre de la Toulouse School of Economics (TSE). Ses recherches actuelles se concentrent sur la théorie microéconomique, l’économie du développement, la politique industrielle dans les économies en transition et les aides publiques à l’industrie. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages, dont La société des inconnus (2004), La société des inconnus (2011), Sexonomics (2014), The divine Economy (2024).

La communauté religieuse comme modèle économique

Paul Seabright, s’appuyant sur la théorie économique d’Adam Smith, a mis en lumière la dimension capitaliste des mouvements religieux actuels. L’économiste franco-britannique considère les religions comme des « entreprises » capables de s’adapter aux dynamiques contemporaines. Selon lui, leur succès repose sur leur capacité à offrir des services, à créer du lien communautaire et à donner un sens à la vie, tout en naviguant dans des contextes politiques et sociaux variés. Cependant, cette flexibilité peut aussi être un facteur de vulnérabilité, notamment lorsque les institutions religieuses se laissent instrumentaliser par des pouvoirs politiques, comme en Russie avec l’Église orthodoxe ou en Pologne avec l’Église catholique. En ce sens, Seabright met en évidence une tension centrale : si les religions globalisées restent influentes, leur viabilité dépend de leur aptitude à conserver leur autonomie et à répondre aux attentes spirituelles et sociales de leurs fidèles.. Seabright a également évoqué les tensions entre tradition et modernité dans les pratiques religieuses.

Spiritualité et religion : un déclin ?

À l’échelle mondiale, le christianisme et l’islam continuent de séduire, notamment dans les pays en développement, en offrant des réponses aux besoins communautaires et spirituels. Seabright souligne également que cette capacité d’adaptation varie selon les structures des institutions religieuses. Par exemple, l’Église catholique, en déclin marqué en Europe, peine à répondre aux attentes d’un monde globalisé et pluriel. En revanche, des mouvements évangéliques ou des formes d’islam réformiste se montrent plus dynamiques en exploitant des approches modernes de communication et d’organisation.

 

Pour aller plus loin …

Paul SEABRIGHT

The Divine Economy

 

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