Blanca Li, Chorégraphe, Danseuse, Membre de l’Académie des Beaux-Arts, et Présidente de l’Etablissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette

Blanca LI
Au cours discussion particulièrement enrichissante modérée par Guillaume Pfister, Blanca Li, danseuse, chorégraphe, membre de l’Académie des Beaux-Arts et Présidente de l’Établissement public du parc de la Villette, a partagé avec les membres et amis d’Aspen sa passion pour la littérature et les arts, ainsi que leur influence sur son parcours professionnel et personnel.
Née en 1964 à Grenade, Blanca Li est une danseuse et chorégraphe espagnole. Jeune, elle pratique la gymnastique rythmique au sein de l’équipe nationale espagnole jusqu’à ses dix-sept ans, avant de partir à New York pour étudier à l’école de Martha Graham. De retour en Espagne en 1986, elle crée à Madrid sa première compagnie, qui sera sélectionnée pour le programme de l’Exposition universelle de Séville en 1992. Arrivée en France la même année, elle y présente plusieurs chorégraphies, dont Nana et Lila (1993). En 1995, Blanca Li travaille avec le réalisateur Michel Gondry en tant que chef chorégraphe pour le clip mondialement connu du morceau Around The World des Daft Punk. En 2009, le ministère de la Culture la nomme artiste associée au Centre chorégraphique national de Créteil. Elle se produit en 2015 sur la scène du Théâtre des Champs-Élysées aux côtés de la danseuse étoile Maria Alexandrova dans Déesses & Démones. En 2019, elle devient l’un des premiers membres de la section « chorégraphie » de l’Académie des Beaux-Arts, avant d’être promue commandeur de l’ordre des Arts et des Lettres en juillet 2021. En avril 2024, elle est choisie pour présider l’établissement public du parc et de la Grande Halle de la Villette. Au-delà de sa carrière de chorégraphe, Blanca Li s’investit également dans le cinéma. Elle a notamment réalisé le court-métrage Le Défi (2001) ainsi que les longs-métrages Pas à Pas (2010) et Elektro Mathematrix (2016). En 2012, elle met en scène trois films publicitaires pour Longchamp sur le thème « Le mouvement créateur » : Oh My Dog !, Oh My Bag ! et Oh My Bike !. Elle incarne également l’un des rôles principaux du film Le code a changé de Danièle Thompson.
Lors de cette séance exceptionnelle, pour la première fois, l’Institut Aspen France a eu le privilège d’accueillir une artiste qui transcende les arts et les époques : Blanca Li. Comme l’a souligné Anne-Gabrielle Heilbronner, Présidente d’Aspen France, cet événement s’inscrit dans l’esprit de l’institut, qui travaille sur des thèmes de leadership et de littérature. La créativité de Blanca Li, qui mêle avec brio les influences du contemporain et du baroque, résonne parfaitement avec la mission d’Aspen. Un grand merci à Guillaume Pfister, le modérateur de cette conversation passionnante, pour avoir guidé les échanges.
L’enfance: un premier pas vers la création
Blanca Li, née en Andalousie, une terre de mixité, a grandi dans un environnement où la diversité culturelle a façonné son regard sur le monde. Elle a évoqué la beauté de sa ville natale, tout en partageant ses premières lectures, notamment Washington Irving pour son premier ballet, ainsi que Le Club des Cinq, une référence de son enfance. Sa passion pour la danse a commencé dès ses sept ans, avec le flamenco, suivi par une carrière dans la gymnastique rythmique, avant de se tourner vers la danse classique à l’âge de 15 ans. À 17 ans, elle part à New York pour se former en danse contemporaine. Un parcours marqué par des transitions constantes, traversé par une multiplicité d’influences culturelles, qui a donné naissance à sa vision unique de l’art.
La lecture comme source d’inspiration et d’évasion
Pour Blanca Li, la lecture a toujours été bien plus qu’une simple distraction : elle représente un refuge, une manière d’échapper au quotidien et une véritable source d’inspiration pour ses créations. Elle a notamment parlé de son attachement à des œuvres littéraires comme Salomé d’Oscar Wilde, une œuvre qui l’a profondément marquée et inspirée dans la création de certains de ses spectacles, ainsi que du livre L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau d’Olivier Sacks, qui explore la frontière entre le réel et le délire. La lecture, pour elle, est un moyen de comprendre le monde et l’être humain, un peu comme la danse, qui permet de traverser les émotions sans mots. Elle souligne également la puissance de la littérature pour nourrir sa vision artistique: tout comme dans les livres, chaque spectateur ou danseur vit une expérience différente, selon son propre vécu.
Les femmes dans le milieu artistique: un parcours encore en construction
Blanca Li a abordé la question de la place des femmes dans le milieu artistique, rappelant qu’il y avait peu de femmes écrivains lorsqu’elle était jeune et que les grandes figures de l’histoire étaient souvent racontées par des hommes. Si la situation a évolué, elle souligne toutefois qu’il reste encore un long chemin à parcourir pour donner aux femmes la place qu’elles méritent, non seulement dans les arts, mais aussi dans des domaines comme la technologie et les sciences.
Femme artiste et dirigeante: un leadership naturel
Au-delà de son rôle d’artiste, Blanca Li a également partagé son parcours en tant que dirigeante, une dimension tout aussi essentielle de son identité. Depuis son plus jeune âge, elle a toujours assumé des rôles de leadership. « J’étais responsable de monter des spectacles avec mes frères et sœurs dès l’enfance », a-t-elle raconté, soulignant que le leadership est pour elle une chose naturelle, presque instinctive. À 17 ans, elle crée sa propre compagnie, un projet qu’elle mène d’une main de fer avec une vision artistique claire. « C’est naturel pour moi, et ça m’amuse », a-t-elle confié. Pour elle, la direction d’une équipe n’est pas simplement une question de gestion, mais un moyen de faire adhérer les autres à une vision commune. « Le rôle d’un dirigeant est de faire aimer son projet pour que l’équipe y adhère », a-t-elle expliqué. Si elle travaille parfois avec des personnes qu’elle n’a pas choisies, Blanca Li insiste sur l’importance de fédérer les énergies autour d’un projet et de créer un futur commun.
Elle a également mis en lumière son engagement à la tête de sa Fondation de danse, une initiative visant à archiver les œuvres chorégraphiques, un défi particulier pour un art comme la danse, qui ne se conserve pas de manière physique comme la peinture. « Il est nécessaire d’inventer de nouveaux outils pour capturer l’histoire de la danse et en faire des archives », a-t-elle expliqué, soulignant l’importance de la transmission de cet art aux générations futures. Pour elle, la danse ne se limite pas à une expression artistique, elle peut également jouer un rôle dans l’éducation et aider certains enfants en difficulté, rappelant l’importance d’intégrer la danse dans l’éducation.
En conclusion, Anne-Gabrielle Heilbronner a posé la question suivante : Est-ce qu’une rencontre comme celle-ci pourrait inspirer un ballet ? À cette question, Blanca Li a relevé le défi, rappelant que l’art et la création sont des processus nourris par des échanges et des réflexions profondes.
Pour aller plus loin …
les recommandations littéraires de Blanca Li

L’intégralité de l’oeuvre de Fiodor Dostoïevski

Olivier Sacks, L’homme qui prenait sa femme pour un chapeau

Enid Blyton et Eileen Soper, Le Club des 5