L’afrique pilier du nouvel ordre mondial
Jean-Yves OLLIVIER
Dans un contexte géopolitique tendu en l’Afrique de l’Ouest et à un mois du 30ème anniversaire de la Conférence Europe-Afrique, Aspen France a reçu Jean-Yves Ollivier, Président de la Fondation Brazzaville.
Jean-Yves Ollivier est né le 8 octobre 1944 à Alger. Après une carrière réussie dans le domaine des matières premières, en Afrique et en Asie, il se tourne vers la diplomatie. En 1995, il est le premier étranger à recevoir l’Ordre de Bonne Espérance des mains de Nelson Mandela lui-même pour son rôle dans l’échange de prisonniers en 1987 et le protocole de Brazzaville. En 2015, il crée la Fondation Brazzaville afin d’œuvrer pour le développement en Afrique à travers le soutien à des initiatives dans plusieurs domaines clés tels que la santé, l’environnement et la promotion de la paix.
Vers un nouvel ordre mondial : l’arrivée de nouveaux acteurs en Afrique
Pour Jean-Yves Ollivier, le continent africain a une importance stratégique croissante sur la scène internationale. Doté de ressources naturelles exceptionnelles et d’un vaste marché (près d’1,4 milliards d’habitants), il dispose d’un potentiel commercial unique. Or, aujourd’hui, la position de l’Afrique dans le concert des nations reste marginale. Comme Jean-Yves Ollivier l’a souligné, ce paradoxe encourage la contestation (pan)africaine et pousse les décideurs à se tourner vers des alternatives telles que la Chine et la Russie (et dans une moindre mesure, la Turquie). Ces derniers, de plus en plus implantés sur le continent, utilisent à leur profit la rhétorique anti-coloniale (qui fait écho à de nombreux mouvements panafricains), et revendiquent un ordre mondial moins déséquilibré. A cet égard, les réseaux sociaux (et la désinformation qu’ils rendent possible à grande échelle), ont été des outils précieux pour Pékin et Moscou.
Le rôle de la Fondation Brazzaville (et de la diplomatie privée)
Dans ce contexte d’incompréhension entre l’Afrique et l’Occident, la diplomatie privée est essentielle. La récente médiation en Ukraine menée par la Fondation Brazzaville avec six chefs d’Etat africains (Egypte, Sénégal, Zambie, Afrique du Sud, Ouganda et République du Congo) a permis, en effet, d’oeuvrer au déblocage du conflit commercial concernant les céréales ukrainiennes et l’engrais russe, dont beaucoup de pays africains dépendent. Une initiative qui illustre la volonté des pays africains de faire entendre leurs voix et de peser dans la diplomatie pour des enjeux qui les concernent directement.