16/05/2022 | Belles Feuilles

Liberté intérieure ou confort de la servitude

Boris CYRULNIK

Auteur

 

L’écrivain Boris Cyrulnik s’inspire d’une fable de Jean de la Fontaine pour son titre “le laboureur et les mangeurs de vent”, dans lequel il dénonce la montée du totalitarisme dû à la volonté d’appartenance. 

Né en 1937, Boris Cyrulnik est neuropsychiatre. Mis en pension en 1942 par ses parents, immigrés juifs est-européens, il survit à une rafle en 1944 avant d’être recueilli par sa tante après la guerre. Profondément intrigué par les processus d’acceptation de l’annihilation programmée du régime nazi, il consacre ses études à la faculté de médecine de Paris à la psychanalyse. Responsable d’un groupe de recherche en éthologie clinique à l’hôpital de Toulon-la-Seyne de 1972 à 1991, il publie son premier ouvrage, « Mémoire de singe et parole d’homme », en 1983. Depuis 1996, il est directeur d’enseignement à la Faculté des lettres et sciences humaines de Toulon, président du Centre national de création et de diffusion culturelles de Châteauvallon depuis 1998 et président du Prix Annie et Charles Corrin sur la mémoire de la Shoah depuis 2005. Il est docteur honoris causa de l’université catholique de Louvain et commandeur de la Légion d’honneur. Il a reçu plusieurs prix et distinctions, à l’instar du prix Renaudot de l’essai pour « Autobiographie d’un épouvantail » (2008) et une décoration comme Officier de la Légion d’Honneur en 2014.

La solitude du laboureur, la facilité du mangeur de vent

Dans son livre, Boris Cyrulnik oppose deux types de personnes; le laboureur est celui qui a une expérience de terrain, un savoir concret et fondé sur la réalité. Il est souvent isolé, car il pense par lui-même et ne se laisse pas influencer par la doxa. Et les mangeurs de vent sont ceux qui ont un savoir logique et cohérent, mais qui est coupé de la réalité sensible. Ils sont souvent nombreux et unis par une même croyance. Le laboureur travaille constamment, il effectue une recherche de la réalité pénible mais ce travail lui donne sa liberté. Tandis que les mangeurs de vent partent du postulat de la majorité ce qui les rends influençables et manipulables par les dirigeants. 

Un totalitarisme qui s’appuis sur le manque d’éducation

Cyrulnik explique que les mangeurs de vent sont souvent attirés par les systèmes totalitaires. Ces systèmes proposent une solution simple à des problèmes complexes. Ils désignent également un bouc émissaire, qui permet de canaliser la colère et la frustration des gens. Il conclut en affirmant que la meilleure façon de lutter contre les systèmes totalitaires est l’éducation. Les enfants doivent être encouragés à penser par eux-mêmes et à développer leur capacité de jugement.

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