Belles Feuilles autour d’ Anne Lauvergeon, ancienne présidente d’Areva, Auteur : Un secret si bien gardé: repenser notre stratégie énergétique
Biographie
Anne Lauvergeon, Ingénieur en chef des Mines, est une ancienne élève de l’Ecole Normale Supérieure et agrégée de Sciences Physiques. Elle a commencé sa carrière en 1983 dans la sidérurgie chez Usinor. En 1990, Anne Lauvergeon est nommée Chargé de mission pour l’Economie Internationale et le Commerce extérieur à la Présidence de la République, puis en 1991, elle devient Secrétaire Général adjoint à la Présidence de la République et Sherpa du Président de la République, François Mitterand, pour l’organisation des sommets internationaux (G7/G8).
En 1997, Anne Lauvergeon rejoint le Groupe Alcatel dont elle rejoint le Comité Exécutif, en 1998. En juin 2001, Anne Lauvergeon fonde AREVA. Elle est Présidente du Directoire du Groupe jusqu’en juin 2011. De juin 1999 à juillet 2011, elle est Président-directeur général de la COGEMA.
Anne Lauvergeon est la fondatrice et Présidente d’ALP, société de conseils et d’investissements, créée en 2011. Elle a été nommée Présidente de la Commission Innovation 2030, installée par le Président de la République de 2013 à 2018. De 2014 à 2022, elle est Présidente du Conseil d’Administration de Sigfox, l’opérateur leader mondial de l’IoT.
Elle a été décorée de l’Ordre national de la Légion d’honneur en 2001 et de l’Ordre national du Mériteen 2004, elle fut promue officier de ses deux ordres respectivement en 2009 et 2004. Le Times l’ areconnue deux fois, parmi les 100 personnes les plus influentes du monde.

Plusieurs constats clés:
La guerre en Ukraine a mis à jour les failles du modèle européen: dépendance au gaz russe, envolée des prix, manque d’anticipation. Néanmoins, cette crise énergétique est aussi la résultante des décisions politiques et idéologiques de l’Europe.
Alors que les grandes puissances (Chine, États-Unis, Russie, Inde) renforcent leurs parcs nucléaires, l’Europe a fait le choix d’une stratégie fondée sur les énergies renouvelables marginalisant l’utilisation de l’atome.
La France, autrefois leader du nucléaire, énergie représentant historiquement 70 % de la production électrique française, a laissé se déliter un modèle fondé sur un savoir-faire unique à la suite de décisions politiques: arrêt de Superphénix, sous-investissement, perte de savoir-faire industriel, etc. Par conséquent, la France a perdu son avantage compétitif, alors que le prix de l’électricité a augmenté de 120 % en dix ans.
La France pourrait produire 50 % d’électricité en plus, sans construire un seul réacteur neuf, simplement en optimisant l’exploitation des centrales existantes.
Ce « secret si bien gardé » révèle une opportunité majeure et une responsabilité politique : remettre la question énergétique au cœur du projet républicain et européen.
Pour ce faire:
- Repenser notre politique industrielle.
- Réinvestir dans la filière nucléaire.
- Soutenir l’innovation (notamment les petits réacteurs modulaires).
- Assumer une stratégie de long terme, portée par l’État et par une ambition collective.
L’énergie est “la mère de toutes les batailles”, affirme Anne Lauvergeon. Elle conditionne notre souveraineté, notre compétitivité et notre capacité à faire face aux bouleversements à venir.