Malheur aux vainqueurs ? Les conséquences paradoxales de la Première Guerre Mondiale
Jean-Michel STEG
Jean-Michel Steg, historien et banquier d’affaires, est venu à l’Institut Aspen France pour nous parler de sa vision de la Grande Guerre et de ses conséquences. Selon lui, il faut redéfinir le terme vainqueur qui est trop flou au vu des conséquences de cette “paix”.
Jean-Michel Steg obtient son diplôme Sciences Po Paris et son diplôme de la Harvard Business School en 1979. La même année, il rejoint Lazard Frères & Co, où il reste 16 ans. Il rejoint ensuite Goldman Sachs puis Greenhill & Co où il est aujourd’hui Senior Advisor. Parallèlement à son métier de banquier d’affaires, Jean-Michel Steg mène une carrière d’historien et intervient régulièrement dans des forums et séminaires, notamment autour de la Première Guerre Mondiale, son domaine de recherche privilégié. On lui doit notamment « Le Jour le plus meurtrier de l’histoire: 22 aout 1914 » (Fayard, 2013) et « La Fayette nous voici ! : Les Marines américains à l’assaut du bois de Belleau 6 juin 1918 » (Fayard, 2018). Dans son dernier livre « Qui a gagné la guerre de 14 ? Enquête sur l’après-guerre de 1918 à nos jours », Jean-Michel Steg enquête sur les conséquences paradoxales de la victoire des Alliés et souligne la fragilité de la paix humaine.
De “père de la victoire” à “perd la victoire”
Jean-Michel Steg analyse cinq 11 novembre à travers l’histoire et le plus important reste le 11 novembre 1919 et le traité de Versailles qui définit les modalités de la victoire. Ce traité, négocié par Clemenceau, ne fait pas l’unanimité, certain le voit comme trop sévère d’autres comme un traité accordant trop de concessions aux alliés vis-à -vis de l’Allemagne. Mais tous s’accordent sur les conséquences : il s’agit d’une paix de 20 ans. En effet, la nuit de cristal, du 9-10 novembre 1938 n’est qu’une expression du ressentiment allemand. Le traité de Versaille est vu comme le déclencheur de la montée du nazisme avec le recul d’aujourd’hui, et donc d’un nouveau sucide Européen.
Une paix à faire perdurer
Le 11 novembre 2018 Emmanuel Macron rappelle que “Nous devons veiller à ce que la paix, qui est si fragile, ne soit jamais perdue”. La paix s’est construite sur le continent européen, après 1945, seulement grâce à une coopération européenne qui crée une interdépendance entre les États rendant la guerre impossible. Mais comme le souligne Jean-Michel Steg, c’est un travail de tous les instants, la construction de la paix n’est jamais finie. Même si après 1945 les “vainqueurs” ont évité les écueils du traité de Versailles, en privilégiant la coopération à l’humiliation.