Les enjeux de l’énergie : entre rivalités de puissance et transition écologique

Nicolas MAES

Le 13 mai, l’Institut Aspen France a organisé un déjeuner géopolitique en partenariat avec EY, accueillant Nicolas Maes, Directeur général du groupe Orano, pour une intervention passionnante sur la géopolitique de l’énergie. Le déjeuner, modéré par Jean-Christophe Bas, a réuni une trentaine de participants. L’énergie, au coeur de l’agenda international, est aujourd’hui un enjeu central à la croisée des dimensions économiques, géopolitiques et environnementales. Ce sujet s’inscrit pleinement dans l’actualité récente, alors que le gouvernement débattait, il y a quinze jours, de la souveraineté énergétique de la France. Orano, en tant qu’acteur majeur du nucléaire, porte une vision d’une énergie bas carbone et compétitive. Ce rendez-vous s’inscrit également dans la continuité de l’engagement historique d’Aspen en matière environnementale, depuis le rôle pionnier de Maurice Strong à Aspen USA jusqu’à l’impulsion du processus ayant mené au Sommet de la Terre dans les années 1970.

Diplômé de l’Ecole Polytechnique et de l’Ecole Nationale des Ponts et Chaussées, Nicolas MAES a été nommé en novembre 2023 Directeur des Opérations du groupe Orano, sur proposition du conseil d’administration.   Il démarre sa carrière en 2000 au sein du Groupe Lafarge où il est successivement Ingénieur Progrés puis Ingénieur Fabrication à la cimenterie du Teil, avant de devenir Secrétaire du Comité Exécutif de la Branche-Ciment. En 2006, il est nommé directeur de la cimenterie de Cauldon au Royaume-Uni, puis directeur marketing Europe centrale & CEI, en 2009.   En avril 2011, il rejoint le groupe Areva comme Directeur des Opérations de la Business Unit Mines, en charge des opérations au Kazakhstan, au Niger et au Canada. En 2014, il y est ensuite nommé Directeur de la Business Unit Base Installée qui administre les activités mondiales de services (ingénierie, maintenance, projets) aux centrales nucléaires. Il dirige, de février à octobre 2018, les programmes d’Excellence Opérationnelle et le programme de transformation digitale de Framatome où il devient également membre du Comité Exécutif.  Il rejoint Orano en novembre 2018 en tant que directeur de la Business Unit Mines et membre du comité exécutif. En mai 2023, il est nommé à la fonction de Chief Operating Officer.

L’énergie, un enjeu stratégique et national

Nicolas Maes a ouvert son intervention en rappelant que l’énergie est un sujet de politique nationale. Elle conditionne la souveraineté, le pouvoir d’achat, et la stabilité sociale, comme l’ont illustré le choc pétrolier ou encore le mouvement des Gilets jaunes. La crise énergétique de 2022-2023, marquée par une forte hausse des coûts, a confirmé que l’accès à une énergie disponible, fiable et abordable est un impératif gouvernemental. Dans ce contexte, la transition écologique passe nécessairement par une transition énergétique ambitieuse et structurée.

Vers un système énergétique décarboné et diversifié

Le Directeur général du groupe Orano a souligné l’importance de repenser les usages et les sources d’énergie. En France, 27 % de l’énergie consommée est de l’électricité. Décarboner notre modèle implique d’électrifier massivement les usages tout en développant des alternatives pour les secteurs où l’électrification est plus difficile, notamment pour la production de chaleur. Cela suppose un véritable « mix énergétique », capable de répondre à la diversité des besoins. Dans ce cadre, Orano joue un rôle clé en tant qu’acteur du cycle du combustible nucléaire : enrichissement de l’uranium, retraitement du combustible, et production de nouveaux combustibles recyclés. Le nucléaire s’impose comme une énergie bas carbone, résiliente, à forte densité, avec des coûts maîtrisés et des flux facilement transportables. Autant d’atouts qui en font une solution adoptée par un nombre croissant de pays dans leur stratégie de décarbonation.

Nucléaire et rivalités géopolitiques

L’énergie est aussi un terrain de rivalités géopolitiques intenses. L’accès aux ressources naturelles, les infrastructures de transport, les technologies de recyclage et la capacité à concevoir des réacteurs avancés sont autant de leviers de puissance. Aujourd’hui, la Chine et la Russie disposent d’une longueur d’avance dans la construction de réacteurs, tandis que la France s’est engagée dans une nouvelle dynamique avec le discours de Belfort, fondant une stratégie axée sur des réacteurs innovants et une feuille de route pour le recyclage. La discussion a donné lieu à de nombreuses questions, révélant l’intérêt du public pour des sujets aussi variés que la fermeture de Superphénix (1998) ou de Fessenheim (2020), l’impact économique de la situation au Niger, la stabilité des réseaux électriques, ou encore le rôle de l’État dans le soutien au nucléaire. Les participants ont également soulevé des interrogations sur l’augmentation du prix de l’énergie liée à la guerre en Ukraine, la distinction entre nucléaire civil et militaire, ou encore la nécessité d’une coopération internationale dans ce domaine. Autant de thèmes qui montrent à quel point la question énergétique soulève des enjeux à la fois techniques, économiques et politiques.

Jean-Christophe Bas a clôturé l’échange en remerciant Nicolas Maes pour son intervention claire, documentée et accessible. Une prise de parole qui remet sur la table, avec force et clarté, les enjeux énergétiques et environnementaux, et qui conforte la volonté d’Aspen France de poursuivre la réflexion sur ces sujets essentiels dans un contexte de recomposition mondiale.

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