A quelques semaines de l’arrestation de Pavel Dourov, Asma Mhalla est intervenue chez Aspen France pour évoquer les enjeux propres à la géopolitique de la Tech’. Et donner des pistes claires pour rebâtir une souveraineté technologique européenne.

Pour Asma Mhalla, l’arrestation de Pavel Dourov, nationalisé par l’Etat français au titre de “citoyen émérite” quelques années plus tôt (comme l’a rappelé Jean-Christophe Bas), correspond à un signal fort de la part de l’appareil d’Etat français. Il s’agit, pour la France, d’infliger une sanction au propriétaire de Telegram qui a ignoré les obligations de modération propres à n’importe quel réseau social sous juridiction française. Pour la chercheuse, le débat ne se limite pas à la question de la liberté d’expression : il s’agit également de rappeler que le monde de la Big Tech’ ne doit pas rester étranger aux valeurs et régulations françaises et européennes. 

Pour Asma Mhalla, si l’Europe, et notamment Thierry Breton, se sont illustrés par des prises de parole fortes concernant la régulation des Big Tech, les actions concrètes et réellement coercitives sont restées plutôt rares. Pour la professeure à Sciences Po, faute d’une politique industrielle coordonnée et d’une reconquête réelle de notre souveraineté technologique, l’Europe restera à la merci des acteurs américains. La politique européenne en matière de Tech’ ne doit pas se limiter à du damage control mais doit se traduire par des directives claires et une politique d’incitation.