Yuliya TYCHKIVSKA

Deux mois après l’invasion surprise de l’Ukraine, quatre spécialistes de renom ont dressé devant les membres d’Aspen un premier bilan et nous donnent quelques pistes sur le futur d’une Ukraine déjà exsangue.

Yegor Chernev occupe le poste de membre du parlement, président de la délégation ukrainienne à l’Assemblée parlementaire de l’OTAN. Olga Stefanishyna est  vice-première ministre du gouvernement Chmyhal, membre du Conseil de défense et de sécurité nationale d’Ukraine. Natalie Jaresko et Yuliya Tychkivska sont membres de l’Institut Aspen à Kiev.

La guerre en Ukraine a marqué le retour d’une forme de conflit à haute intensité sur le sol européen. Une défaite de l’Ukraine ou son annexion totale serait une perte symbolique pour l’Europe des libertés. Au nom de la démocratie, l’Europe ne peut pas se permettre de laisser un régime autoritaire envahir l’Ukraine voisine. Sur le plan militaire, il a été clairement indiqué que la Russie ne s’arrêterait pas à l’Ukraine. Les pays baltes, la Pologne, la Hongrie ou la Finlande pourraient être les prochains sur la liste de Poutine, habité par le fantasme de retrouver ce qu’il appelle la “grande Russie”.

L’Ukraine réclame un isolement diplomatique et économique complet de la Russie. Ce qui amène nos quatre spécialistes à insister également sur les enjeux mondiaux de cette guerre. Cette guerre perturbe les chaînes d’approvisionnement. L’Ukraine étant le deuxième producteur de titane en Europe, la guerre a un impact sur l’industrie aéronautique et sur la production de semi-conducteurs. Les prix des carburants et des denrées alimentaires montent en flèche. L’insécurité alimentaire et les pénuries en Afrique et au Moyen-Orient pourraient constituer un énorme problème à résoudre. Plus globalement, c’est la survie de l’ordre international actuel qui est en jeu : Poutine souhaite rétablir un nouvel ordre mondial à son image; désoccidentalisé.