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La guerre invisible de l’information : quand les Etats se disputent nos esprits

David COLON

Historien

 

A quelques jours de la cyberattaque du site nucléaire de Sellafield par une alliance de hackers chinois et russes, l’Institut Aspen a reçu David Colon, spécialiste de l’histoire de la manipulation et de la propagande, et auteur de “La Guerre de l’Information” (Éditions Tallandier, 2023).

David Colon, né le 7 avril 1973 à Grenoble, est un historien et universitaire français. Ses thèmes d’études sont la propagande, la persuasion, la communication, les relations publiques, la publicité et le numérique. Après avoir obtenu son diplôme auprès de l’IEP de Paris en 1995, David Colon poursuit avec un DEA d’histoire contemporaine puis passe l’agrégation. En 2002, il obtient, dans le cadre de sa thèse sur les mouvements étudiants catholiques, une bourse de l’École française de Rome. Après avoir enseigné à l’Université de Nanterre, David Colon intègre le corps professoral de Sciences Po en 2001. Auteur de nombreux essais remarqués sur l’histoire de la propagande et de la circulation de l’information, David Colon a reçu le prix Akropolis en 2019 ainsi que le prix Jacques Ellul en 2020.

La guerre de l’information 2.0 : rivalités anciennes et techniques nouvelles

Comme l’a rappelé David Colon en introduction, la guerre de l’information n’est pas un phénomène nouveau. Athènes et Sparte se livraient déjà à des actes de propagande pour fragiliser leur rival. Cependant, avec l’arrivée de nouvelles technologies, comme les ordinateurs et les smartphones, ce conflit invisible a pris une dimension nouvelle. Plus de 30 ans après la chute du mur de Berlin, nous constatons aujourd’hui, avec amertume, que la libre circulation de l’information ne conduit pas nécessairement à la démocratie. Les régimes autoritaires, comme la Russie et la Chine, l’ont bien démontré : ayant construit des véritables murailles numériques et utilisant la puissance des serveurs pour contrôler les cerveaux. Le succès de TikTok, véritable machine à produire de la data pour le renseignement chinois, interroge et nécessite une réelle prise de conscience de la part des gouvernements. Face à l’ampleur des menaces, nous sommes en effet peu armés et encore bien naifs.

Russie, Chine, Iran etc. : une “communauté contrefactuelle” pour fragiliser l’Occident ?

Dans un monde de plus en plus polarisé, l’information est l’objet d’une bataille acharnée. Comme l’a démontré la cyberattaque de Sellafield, le pacte de “non-agression” cyber signé en 2019 entre la Russie et la Chine est bien mal nommé… Les russes et les chinois coopèrent, en effet, de manière active pour fragiliser l’Occident en répandant des “narratifs de désinformation” de plus en plus puissants pour écorner l’image de l’Occident et alimenter le ressentiment et le doute. Pour David Colon, en effet, ce n’est pas un hasard si, aujourd’hui, 7 millions d’américains pensent que la terre est plate… 

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